J’en ai marre d’être adulte. De cette vie de grand bien trop grande pour moi. C’est bien trop compliqué cette vie-là. J’en ai assez de tous ces papiers qu’il faut gribouiller à longueur de journée. Pour quémander ceci ou cela. Marre des nuits à courir après le sommeil. Des nuits à avoir peur. Peur du point d’interrogation qu’est l’avenir. L’avenir commence demain. Peur du noir. Du vide sous mes doigts. Lasse de toutes ces heures en apnée pour gagner tout juste de quoi manger. Et rêver un peu. De devoir compter et recompter pour qu’à la fin du mois le trou ne soit pas trop gros. Pas trop grand. Que je n'y tombe pas dedans. Triste de ne plus pouvoir comme avant, rentrer, jeter mon sac et lancer ‘Maman qu’est-ce qu’on mange ce soir ?’. Marre de toutes ces choses auxquelles il faut penser. Toutes ces foutaises qui m’embrouillent les neurones. Triste d’avoir dû apprendre à mes dépends que les choses, les gens ne sont pas éternels. C’est lassant d’être grand. C’est tellement trop grand cette vie-là. Ce week-end j’irais poser mon costume de grande-personne-responsable-et-sérieuse au pied de ton lit. Je plongerai ma main dans la tienne et on ira courir sous la pluie. Gonfler des ballons à pois. Se rouler dans l’herbe. Saccager les champs de blé. Rire surtout. J’ai besoin d’entendre ton rire s’imprimer partout en moi. On ira retrouver nos sept ans. S’embrasser dans la cour de l’école. Envier les grenouilles. Et faire des bulles. Des milliers de bulles.
Dis, on achètera des bonbons ?