en-attendant-la-pluie

'On devrait toujours être légèrement improbable' [Oscar Wilde]

Samedi 18 décembre 2010 à 23:31

 

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Cher papa,

 

Pardonnes moi d'avoir fuit, pardonnes moi d'avoir tout abandonné. Mais je ne supportais plus de rester là bas. A chaque pas les souvenirs me prenaient à la gorge et brûlaient mes yeux. Continuer de vivre chez nous m'était devenu impossible. Invivable. Autodestructeur. Alors j'ai décidé d'aller voir ailleurs. Voir si le soleil pouvait briller de nouveau. Réapprendre à vivre. A aimer. A croire en demain. Ecrire une nouvelle histoire, un nouvel espoir.

 Je ne savais pas où aller, alors j'ai repensé aux histoires que tu me racontais quand j'étais petite. Ma préférée, celle de ta rencontre avec maman. A Lyon. Je n'y étais jamais allée. Mais cette ville m'a toujours attiré. Venir ici c'est un peu comme faire du neuf avec du vieux. Et ça me va. Il me fallait un endroit où partir. Où tout reconstruire. Mais pas n'importe où. Mes pensées ont guidé mes pas jusqu'ici. Jusqu'à vous. Lyon. Ville lumière.

 Ici, je repars de zéro. Je vais aller mieux. Je veux aller mieux.

 J'ai trouvé un petit appartement dans le centre. Petit, pittoresque mais accueillant, charmant. Je n'ai presque rien emporté alors pour le moment je campe plus que je n'habite mon appartement. Mais demain c'est décidé, je dévalise Ikéa. Je vais remplir le vide. Faire vivre les murs. Je veux tout reconstruire. Tout. Je veux me sentir bien. Chez moi.

 Tu connais ma vieille habitude de faire des listes. Des listes de tout et de rien. De livres. De concerts. De choses à ne pas oublier. A emporter. Mais mes préférées restent les listes d'envies. De rêves. De projets. Ça t'énervais tellement de voir tous ces petits bouts de papier gribouillés joncher le parquet de ma chambre. Mais papa, c'est tellement bon de pouvoir rayer. Rayer au fur et à mesure des progrès fait. Se dire, qu'on est allé au bout d'un de nos rêves. Qu'on a avancé. Dans les jours qui viennent, je m'y attèlerais. Je couvrirais des pages et des pages de choses à faire, de projets, de lubies, d'envies. J'ai besoin de me fixer des objectifs. J'ai besoin de savoir où je vais. D'avoir ne serais ce qu'une direction à suivre. Se perdre c'est tellement vite arriver. Tellement facile. Mais même à cloche pied, j'avancerais. Sinon je vais sombrer et ne plus jamais me relever.

 A travers ces quelques mots, je ne sais pas lequel de nous deux j'essaie véritablement de convaincre. Est ce à toi que je dis que tout ira bien, que je vais faire ce qu'il faut pour me relever. Pour vivre à nouveau. Ou est ce moi que j'essaie de rassurer en noircissant cette feuille de rêves et d'espoir ?

 Il est tard. Il commence à faire noir. Je regarde par la fenêtre et je vois les lumières de la ville qui se reflètent sur l'eau. Ça me laisse rêveuse. J'ai toujours aimé la nuit. Ça a quelque chose de rassurant, d'intime. D'attirant. J'irais découvrir les quais du Rhône un autre soir. Le voyage a été éprouvant et une longue journée m'attend demain.

 Je t'embrasse.

 Li²



Image : Ben


Samedi 11 décembre 2010 à 10:10

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Ça y'est, elle y était. Pour de bon.

3, rue Paul Bert. Son nouveau chez elle.

 Lyon. La ville où tout recommencerait. Ici, elle oublierait tout. Ici, elle serait bien. Elle serait elle.

Elle déposa ses maigres affaires sur le sol. Elle n'avait quasiment rien emporté. Un livre, des affaires de toilette, une tenue de rechange, son i-pod, son ordinateur portable, des papiers importants, des feuilles, des stylos, un paquet de pâtes. Mais rien qui ne lui rappelle là bas. Ou presque. Elle était partie avec pratiquement rien. A quoi bon entasser les souvenirs d'un passé qui ne reviendrait plus. Elle repartait de rien. De rien du tout.

La seule chose qu'elle avait gardé de son ancienne vie c'était ce prénom : Lily. Celui qu'il avait choisit pour elle, vingt ans plus tôt. Lui, son père. D'ailleurs, la seule envie qu'elle avait à cet instant précis, c'était de lui écrire.

 Auparavant, elle décida de mettre un peu d'ordre et d'inspecter de plus près son nouvel appartement. Deux pièces, cela suffirait amplement pour les contenir elle et sa solitude. L'appartement était vide. Désert. Elle irait acheter des meubles demain se dit-elle.

 Le bruit du silence résonnait entre les quatre murs blancs. Mais Lily trouvait ça apaisant le silence. Il en effraie plus d'un qui font tous pour le combler. Qui s'agitent dans tous les sens. En vain. Le vide, depuis quelques mois, c'était son seul ami. Alors elle avait appris à l'apprivoiser. Et à l'aimer finalement.

 Elle s'allongea un instant sur l'épaisse moquette de sa minuscule chambre à coucher, la musique dans les oreilles et se laissa porter. Elle s'envola loin. Très loin. La musique avait toujours eu cet effet là sur elle. La faire planer. Voler. Vers un ailleurs. Alors quand rien n'allait elle s'en abreuvait. A s'y noyer.

 Quand le morceau fut terminé. Elle se leva, posa ses affaires de toilettes dans la salle de bain, les papiers importants dans sa chambre, les pâtes dans une casserole d'eau bouillant.

 Elle brancha son ordinateur et se ravisa pour finalement se munir d'une feuille et un stylo. L'odeur du papier mêlée à celle de l'encre. Elle avait toujours aimé ça. Toujours préféré ça au lettre parfaitement calligraphié et tellement impersonnelles de l'ordinateur


Image : Ben

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