en-attendant-la-pluie

'On devrait toujours être légèrement improbable' [Oscar Wilde]

Dimanche 31 octobre 2010 à 14:18


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[Vieux texte qui date de cet été mais je l'aime bien ;) et la photo...<3 Miss u]

Mon ordi meurt à petit feu. Il est en sursis. Sous l’excuse de faire du propre. De lui faire de la place. De lui libérer quelques ramettes de vie. Sous prétexte de. Je fouille. Je remue. Je redécouvre. Je me relis. Chose que je fais somme toute assez rarement. Les mots valsent avec la page blanche pendant que dans ma tête les fils se démêlent ou ne s’en emmêlent qu’un peu plus. Toujours est-il que c’est de l’instant T. Du direct. De l’éphémère.

Et là je fouille. A la recherche de quelque chose dont je pourrais me séparer. Que j’aurai infligé à la mémoire de mon ordinateur depuis de longs mois en vain. Inutilement. Comme parfois notre tête garde en mémoire des informations douteuses. Sans grand intérêt.

Comme la couleur des rideaux chez la tante du cousin de la belle-mère d’un type qu’on ne reverra plus jamais. Comme se souvenir du chiffre fétiche de l’ex-ex-ex-ex-ex de votre meilleure amie avec qui elle est resté 19jours (oui ça aussi vous vous en rappelez…) ou encore comme la recette d’un truc dégueulasse qu’on avait demandé par pur politesse à notre hôte. Enfin voilà, je suppose que vous saisissez le genre d’informations dont je veux décharger mon pauvre PC.

Sauf que plus ça va et plus je me rends compte à quel point mon ordinateur et moi sommes indissociable

Il est ma mémoire.
Ma malle à souvenirs.
Mon placard à vieux fantômes.
Mon cimetière à chagrins.
Ma boîte à ressusciter les morts.


Je me rends compte aussi à quel point nos méninges font le tri. A quel point on peut oublier. Eluder. Rayer des pans entiers de sa vie. Ça fait partie des raisons que j’ai d’aimer autant l’écriture. Elle conserve. Il suffit de se joindre à ses lignes et tout réapparaît. On sourit d’un détail oublié. D’un moment qui sans prévenir nous happe avec toute l’intensité d’autrefois. M’égarer dans les ruelles de mon disque dur c’est comme m’asseoir sur le siège d’une machine à remonter le temps. C’est bizarre de regarder celle qu’on a pu être, celle d’avant avec les yeux de maintenant. C’est toujours tellement particulier cette sensation, cette certitude d’avoir avancé

Jusqu’à il y a peu de temps j’avais cette fâcheuse habitude de regarder derrière. Inlassablement. Il y a un an je faisais ci. Il y a 3 mois j’étais là. Il y a 2 jours j’étais avec toi. Et toujours me laisser déborder par la vague de nostalgie. Comme si le présent ne se teintait de couleurs qu’une fois devenu passé. Comme si tout paraissait valoir le coup une fois recouvert de la poussière du temps qui passe. Mais là je me plais à constater que j’ai avancé. Pourtant si je cherchai, j’aurai milles raison d’une fois encore pleurer ce qui a été. Il y a un an j’étais libraire et j’avais un amoureux. Il y a un an je déménageai dans un appartement plus grand. Avec balcon.

Mais il y a un an j’écrivais ‘ Cette année, je n’en ai rien fait. Rien. Je l’ai regardé passer. Comme un train dans lequel on ne trouverait pas la force de monter. J’étais là. Et ça me demandait déjà beaucoup je crois.’ Ou ça ‘L’an dernier j’ai regardé passer ma vie comme un film dont je refusais de jouer le rôle principal. M’abaissant parfois à quelques seconds rôles. Tout juste figurante de ma propre vie. Eternelle spectatrice aux yeux fermés par l’horreur. Je me suis collé un beau sourire factice et j’ai fait le minimum. Le minimum pour qu’on me foute la paix.’
Des fois je me fais peur à voir comment je peux être marionnette entre les mains de la vie. Triste fantôme-funambule sur le fil de l’existence. Ça m’a fait peur de replonger dans tout ce gris. Tout ce rien. De me voir si mal. De me rappeler.

Mais ça me fait un bien fou aussi. De voir que je ne suis plus ces miettes de rien qui volettent au grès du vent. Voir que j'ai grandis. Que j'ai appris un peu plus qui je suis. Que j'ai affiché les couleurs à l'extérieur. Et que des gens ne m'ont aimé que plus forts.

C'est tellement beau d'avoir enfin le courage de devenir qui l'on est.

Par cledsol le Lundi 1er novembre 2010 à 17:39
j'aime <3
vivre sa vie, et ne plus la subir.
et surtout, comme tu le dis, "avoir le courage de devenir qui l'on est <3
je suis tellement d'accord...
merci beaucoup pour ton commentaire :)
j'aime beaucoup te lire aussi :)
Par Angélique le Jeudi 4 novembre 2010 à 15:40
Je suis tombée amoureuse de cette photo.
 

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