en-attendant-la-pluie

'On devrait toujours être légèrement improbable' [Oscar Wilde]

Jeudi 17 mars 2011 à 18:26

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Et moi je suis le genre de fille à. A quand elle ne comprend pas ce qui lui arrive. Quand les mots sont sur le bout de la langue. Le tout au bout de la plume. Mais qu’ils ne veulent pas glisser. Pas se laisser attraper. Quand tout ça, j’use de ruses et subterfuges.

Je suis le genre de fille à. A toujours expliquer son état par de belles métaphores.-  Oui, j’avoue, à la place de ‘belles’, j’avais songé à ‘tirées par les cheveux’… Mais souvent parlé de moi je ne sais pas. Tourner les mots sept fois dans sa bouche. Et n’arriver à rien. Alors je cherche tout autour de moi quelque chose qui existerai déjà et que je pourrais superposer à mes humeurs.

Et là, ça faisait plusieurs semaines que je errais dans les méandres de mon imagination. Dans les allées de ma bibliothèque d’image mentale à la rubrique ‘humeur du jour’. En vain. Tout ce que j’avais trouvé c’était cette histoire de fille qui a toujours aimé le thé au citron. Toujours. Comme une évidence. Et puis un jour, elle se demande pourquoi, pourquoi le thé au citron ? Et surtout si au final, elle aime vraiment ça. Ou pas.

Et cette nuit, pendant une insomnie, j’ai trouvé. Je me sens comme quelqu’un qui serait depuis des années en fauteuil roulant et qui un beau jour aurait compris que ces jambes répondent tout à fait mais que c’est la tête qui fait défaut. La tête qui refuse. Alors un beau jour, j’ai pris mon courage à deux mains et je me suis levée. Et j’ai avancé.

Je me sens comme quelqu’un qui depuis des années prend des ascenseurs, des accès  spécialisés, qui lutte pour tout et rien à longueur de temps, qui envie souvent ces gens qui peuvent mettre un pied devant l’autre sans aucun effort, comme quelqu’un qui rêve en secret d’aller courir pied nu dans l’herbe. Et puis tout ça d’un coup, c’est fini. Et c’est terrifiant. Terrifiant de perdre tous ses repères. De plus pouvoir tirer à soi la couverture des habitudes. C’est comme si tout ce pourquoi j’avance, pourquoi j’agis depuis 22 ans était partit en poussière en quelques clignements de paupières. Je réapprends à marcher. Je ne me rappelle même plus avoir su un jour.

J’aurais envie de courir droit devant. En chantonnant. Mais souvent j’ai peur aussi. Des fois je tremble comme une feuille et je cherche une béquille à laquelle me rattraper. Erreur. Ne pas faire marche arrière. Ne pas laisser les automatismes d’avant revenir. Parfois j’ai les articulations qui se bloque et tout redeviens noir quelques instants. Et j’ai tellement peur de ne plus jamais retrouver l’interrupteur.  Je sens bien que j’ai encore la tremblote sur mes gambettes de gamine, que si le vent soufflait trop fort, je ne ferais pas plus long feu qu’une feuille morte. Mais je suis debout. Et je marche. Alors même si c’est à pas de fourmis. Même si c’est à pas de funambule. Ca reste mettre un pied devant l’autre.
 
J’avance.

Voilà en gros depuis mille lignes, je vous raconte l’histoire d’une fille qui va bien mais qui ne sait pas comment vivre ce tout ça qui se présente à elle. Une toute petite fille qui doit se redessiner une silhouette, un présent, des repères. Une fille qui trouille de vivre, c’est tout.

Petite conne.

Par cledsol le Vendredi 18 mars 2011 à 0:31
Toutes les choses qui se réveillent en moi, en lisant tous ces mots... Spontanément, je n'aime pas cette énorme partie de moi qui n'est qu'une lavette. Et puis quand j'y réfléchis, je pense que je ne suis pas une lavette, mais que j'ai simplement du mal à reconnaître que c'est la petite fille en moi qui a peur, au final... Et que j'aime cette petite fille tout au fond de moi. Je voudrais pouvoir la rassurer, parce que je suis tout à fait apte à comprendre ces peurs, et à être là pour elle. J'aurais voulu être spontanément plus spontanée. Mais je souhaite, et je crois qu'un jour je m'accepterai! Comme j'aime ton article... Je me reconnais tellement fort dedans.

Merci, ça m'aide vraiment beaucoup.
Je trouve tes mots tellement doux... Ce que tu as écrit me touche. Et j'ai envie de connaître la petite fille qui a écrit ces mots, je crois bien.
Par cledsol le Vendredi 18 mars 2011 à 9:03
Encore une fois, je me reconnais...
J'ai tendance à croire qu'une fois qu'on a découvert cette liberté, on a envie de tout faire pour la garder (même si je trouve difficile des fois, de tout réapprendre, je suis d'accord avec toi...) je ne doute pas qu'on finira par y arriver.
Merci, pour ton commentaire...
J'espère que tu as pu régler ton réveil!!
Et je te souhaite une bonne journée. Prends soin de toi!
Par Jasmina le Vendredi 18 mars 2011 à 17:52
On a du mal à se tenir là au concret de nous-mêmes. Faut toujours qu’on trouve une image. Ton thé au citron il a une signification immense tu sais, et les gens qui sont si peu ouverts d’esprit à côté, qui sont là à se dire que 1+1=2. Ils s’en contre fichent du thé au citron et de la valeur que ça a dans leur vie. Mais punaise c’est important de savoir pourquoi on l’aime soudainement plus !
Et ton histoire de fauteuil roulant c’est joli, tout comme ces ascenseurs qu’on prend pour éviter de marcher, alors qu’on a le vertige et que ça fait tourner la tête. Et chez toi, il est tombé en panne, et t’as appris à marcher mais t’avais pas vu ce qu’il y avait des les couleurs, parce que, enfermée dans le tube qui mène de bas en haut sans efforts.
« Petite conne. » tu ne pouvais pas mieux conclure parce que tu souris hein. T’es pas conne, faut juste que tu t’acclimate à tes nouveaux horizons. C’est grand chez toi.
Par Angélique le Vendredi 18 mars 2011 à 20:58
Petite conne. Renaud. J'ai redécouvert cette chanson il y a peu. Et même si je l'aime beaucoup ces paroles n'ont rien à faire là.

Tu es juste pommée. Tu es égarée.
Tu t'es écorchée, tu es tombée, tu t'es relevée, tu as trébuché de nouveau, puis tu t'es relevée, pour de bon, pour un bon moment, tu n'étais plus funambule sur le fil de ta vie, tu avais enfin retrouvé la terre ferme. A Lyon.

Et puis te voilà parachutée à Clermont. Plus petit. Sans eux. Tu es comme un poisson. De ceux qu'on voit dans les grands aquariums, dans les animaleries, puis qu'on tente de faire vivre dans un bocal. Tu es Bob. Bob y arrive, c'est un poisson. Mais toi, toi tu es toi, et ça n'est pas rien !
Tu n'as plus tes repères, tu ne les as plus eux, même si tes nouveaux amis sont géniaux aussi, eux te manquent. Qui pourrait t'en jeter la pierre ? Personne si ce n'est toi.

J'ai confiance en toi, tu vas te relever. Tu vas retrouver la terre ferme. Il n'y a pas de raisons. Tu te relèves toujours.

En deux ans, toutes les deux, on a énormément changé, mais une chose est certaine, c'est que ta force est toujours là. Tu as fais trop de chemin pour te trouver pour te laisser partir comme ça. Alors, moi, j'ai confiance :-)

Je t'aime.
Par Angélique le Samedi 19 mars 2011 à 21:52
"Tu étais un gros poisson dans une petite marre mais ici c’est l’océan et tu te noies."

Je comprends mieux maintenant :-)
Par A. le Vendredi 22 avril 2011 à 20:10
Petite conne, Renaud. Tu as réappris. Tu es le genre de fille. A qui j'ai souvent envie de mettre des baffes tellement tu te gaches. Mais tu es tellement capable de tout. Tellement plus que ce que tu crois.

Tu es le genre de fille que j'aime. Et dont je ne lacherais pas la main même si parfois je m'éloigne.

Tu es le genre de fille qu'on est fier de connaitre.
 

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